De la bonne utilisation des terminaux numériques

Sous ce vocable de terminaux, incluons les smartphones, les tablettes, les ordinateurs portables, les ordinateurs de bureau, les téléviseurs, …
L’objet de ce document est de réfléchir au bon usage de chacun de ces terminaux, c’est à dire de déterminer quelles sont les applications qu’il faut ou non y installer et pour quelles raisons.

Évidemment, si j’installe toutes les applications possibles sur tous mes terminaux disponibles, je serais sans doute satisfait. Dans cette hypothèse, remarquons, cependant qu’il faut s’assurer que toutes les applications sont synchronisées ; en effet si j’utilise par exemple un calendrier j’aimerais qu’il soit à jour sur l’ensemble de mes terminaux utilisés. Idem pour ma liste de contacts, mes emails, mes émissions en streaming, etc …

Mais qui effectue cette synchronisation ? Un fournisseur d’accès tel que Google, Yahoo, Orange, etc … ce qui est bien pratique pensons nous.
Oui, c’est pratique mais ça génère un trafic énorme sur les liaisons numériques correspondantes. C’est d’ailleurs le trafic généré par les smartphones qui nous a fait passer de la 3G à la 4G puis maintenant à la 5G.
Oui, c’est pratique car quelque soit l’endroit où on se trouve, on peut accéder à toutes nos données personnelles ; emails, contacts, calendrier, documents, vidéos, enregistrements musicaux, etc …
Mais où sont stockées toutes ces informations ? Très souvent sur les serveurs des fournisseurs d’accès, souvent sur des serveurs d’entreprises privées ou publiques, rarement sur des serveurs personnels dédiés. Tout se passe donc le plus souvent comme si nos données personnelles étaient on ne sait où et à disposition d’un tiers. Pratique, oui, mais pour la confidentialité et la sécurité c’est beaucoup moins bien !

Durant les années 1970 à 1980, avant qu’internet se généralise, on utilisait des liaisons spécialisées entre ordinateurs et entre ordinateurs et terminaux. Le terminal de l’époque était un écran clavier souvent monochrome. Un peu plus tard est apparu le minitel, lequel utilisait la liaison téléphonique et permettait ainsi de mettre un terminal chez chaque usager du téléphone.
Les liaisons spécialisées étaient coûteuses et pas toujours très fiables. Les ordinateurs n’étaient pas d’une fiabilité à toute épreuve.
Du coup, les ingénieurs de cette époque avaient compris qu’il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans un même panier d’ordinateur. Ils avaient imaginé une hiérarchie des ordinateurs et une sorte de localisation des données et des ressources de traitement.
Il y avait le gros ordinateur national souvent dédoublé par sécurité, les ordinateurs régionaux ou départementaux, les ordinateurs d’agence ou d’administration locaux. Ces derniers étant reliés par des terminaux aux usagers locaux.
Le gros des informations locales était donc traité et mémorisé localement. Des échanges de données, dans les deux sens étaient prévus et organisés avec les niveaux supérieurs pour divers besoins de statistique, de gestion, de consolidation de CA, etc …
Grâce à cette organisation, la panne de tout ordinateur ne bloquait pas tout le système et la panne avait peu de répercussion sur les autres. De même le trafic sur les liaisons informatiques entre niveaux d’ordinateurs était relativement faible et minimisait donc le coût de ces liaisons à grande distance spécialisées.

Aujourd’hui, les possibilités de liaisons informatiques sont très nombreuses et souvent très rapides. Du coup, on peut accéder à des données volumineuses stockées bien loin de l’utilisateur final dans le nuage des multiples serveurs mondiaux.
Par exemple l’utilisation d’un webmail signifie que nos mails sont stockées sur un serveur à notre disposition certes mais dont la position sur Terre nous est inconnue. Cette application webmail étant disponible sur la majorité des terminaux, nous avons toujours accès aux mails et à tout instant.
Bien sûr, on peut relever ces mails et les stocker sur un terminal personnel (smartphone, tablette, ordinateur portable ou de bureau, …) puis soit les garder en double sur le serveur, soit les supprimer du serveur.

Transférer des données sur les diverses liaisons numériques existantes y compris le GSM (2G) et ses évolutions (3G,4G,…), mémoriser ces données sur des serveurs, traiter ces informations comme répondre à un mail reçu, tout cela nécessite de l’énergie, beaucoup d’énergie. Et cette énergie est chère, de plus en plus chère tant sur le plan financier que sur le plan écologique.
Nous avons donc intérêt à économiser l’énergie et par conséquent nous devons rationaliser l’usage de toutes les applications numériques que nous utilisons.

Pour chacune de ces applications, en fonction de nos justes besoins, nous devons déterminer quelle est l’organisation optimale à retenir. Par organisation, il faut comprendre :
- sur quel terminal ou terminaux j’ai besoin de cette application
- sur quel terminal ou terminaux ou serveurs je dois mémoriser les données de cette application
- quels sont les créneaux d’utilisation de cette application ?
- quel trafic cette organisation va t elle générer ?
- quelles sont les interactions entre cette application et d’autres ?

Exemple 1 d’application : téléphoner de n’importe où
- terminal utilisé : mon smartphone
- application : logiciel embarqué de mon smartphone
- réseau : hertzien 2G/3G/4G/ … antennes relais
- serveur VoIP
- créneau : à toute heure ouvrable et plus, voire la nuit !
- trafic généré par une communication téléphonique hertzienne (en partie)
faible débit pour la parole seule, moyen débit si image, haut débit si vidéo
- interaction avec application contacts

Exemple 2 d’application : téléphoner depuis chez soi ou depuis son lieu de travail
- terminal utilisé : téléphone + box/standard VoIP
- application : logiciel du téléphone, logiciel de la box,
- réseau : filaire ?, câble coaxial, fibre optique
- créneau : à toute heure ouvrable et plus, voire la nuit !
- trafic généré par une communication téléphonique pseudo filaire
- interaction avec application contacts du téléphone, du standard, ...

Exemple 3 d’application : voir un film sur smartphone
- terminal utilisé : mon smartphone
- application : logiciel embarqué de mon smartphone
- réseau : hertzien 4G/ … antennes relais
- serveur de streaming point à point
- créneau : à toute heure ouvrable et plus, voire la nuit !
- trafic généré par une communication point à point haut débit
- interaction (VOD) quoique souvent vu par un seul

Exemple 4 d’application : voir un film sur téléviseur
- terminal utilisé : mon téléviseur
- application : matériel et logiciel téléviseur + chaîne TV
- réseau : câble coaxial, fibre optique
- serveur : émetteur de la chaîne + relais
- créneau : à toute heure d’émissions des chaînes
- trafic généré par une diffusion broadcast haut débit (1 émetteur, n récepteurs)
- interactions : aucune (pas de VOD)

Exemple 5 d’application : voir un film en salle
- terminal utilisé : aucun
- application : matériel et logiciel salle de cinéma
- réseau : aucun ou différé câble coaxial, fibre optique
- serveur : matériel de stockage et projection de la salle (souvent numérique)
- créneau : horaires de la salle
- trafic très faible (lors de la réception des films à projeter)
- interactions : aucune mais convivialité et grand écran

Même si l’usage des réseaux et des serveurs n’est pas chiffré on peut en déduire :
Sur les 2 premiers exemples, on devine que téléphoner sur smartphone est plus coûteux que téléphoner de chez soi.
Sur les 3 derniers exemples, on voit clairement que les ressources numériques sont très sollicitées par la vision sur smartphone, un peu moins sur téléviseur et beaucoup moins sur écran de cinéma.
Point besoin de faire de grands calculs pour comprendre que toute interaction entre deux applications distantes (sur des terminaux ou des serveurs différents) génère automatiquement du trafic.

Quelques règles apparaissent :
- Déterminer l’usage raisonnable de toute application en terminal, temps et lieu opportuns
- A chaque fois que possible mettre les applications en interaction sur le même terminal ou le même serveur pour diminuer le trafic inter applications sur le réseau.
- Même si ça semble optimiser l’interaction de toutes applications, éviter de placer toutes ses applications sur le nuage, car ça génère un trafic important. Optimum à trouver.
De plus, qui est le réel propriétaire des données sur le nuage ?
- Mémoriser les données d’une application, de préférence sur le terminal associé à cette application
- Accepter une certaine redondance des informations mémorisées pour des raisons de sécurité (forme de sauvegarde classique)
- La sauvegarde ou la redondance doit toujours se faire sur des terminaux différents par sécurité.

Exemple pratique
Sur mon smartphone,
J’utilise couramment les applications :
téléphone avec messages vocaux et SMS,
liste de mes contacts téléphoniques
calendrier agenda des actions ou RDV
horloge
calculatrice


J’utilise plus rarement :
un navigateur internet et seulement si je suis en WiFi
l’appareil photo ou la caméra ; je stocke en local et transmet via WiFi
galerie de photos/vidéos (locale)


Je sauvegarde une fois par semaine liste des contacts, calendrier agenda sur mon ordinateur de bureau
Je sauvegarde à discrétion documents divers, photos, vidéos et tout le système de mon smartphone sur mon ordinateur de bureau

Sur mon ordinateur de bureau,
J’utilise la messagerie et supprime du serveur les mails récupérés sauf besoins exceptionnels,
le navigateur,
les outils de bureau classiques,
les outils de développement informatique, etc …
Je garde une copie des serveurs web gérés
Je sauvegarde régulièrement l’ensemble des données
Je mets à jour régulièrement système et programmes

Sur un serveur dédié,
Je met à jour des serveurs web dont le mien,
Je dépose des fichiers pouvant être recueillis par mes amis ou par tous

Cet exemple n'est sans doute pas généralisable, chacun ayant des contraintes et des appétances différentes. Néanmoins, chacun de nous peut se remémorer les quelques règles pratiques énoncées ci-dessus qui ont pour but de sécuriser nos applications et les données qu'elles manipulent tout en veillant à ne pas saturer les réseaux et les serveurs informatiques afin d'éviter une gabegie d'énergie électrique !

Edité le:01/04/2021