Intox et Conso
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Merci à La 5 d’avoir diffusé une bonne émission sur la situation de l’énergie électrique en France. Le document de Monsieur Tocser est de bonne qualité, plutôt impartial, faisant la part réaliste des différents moyens de production de l’électricité.
Le problème des pointes et de l’équilibrage consommation production a bien été posé.
Au passage pourquoi 65 % de production nucléaire dans ce document alors qu’EDF annonce environ 80 % sur ses factures ? Je crois que votre document dit vrai et que l’annonce d’EDF est fausse ; j’eusse aimé que ce point soit débattu (*) !
Le débat qui a suivi a malheureusement été très partial, pro-nucléaire et a fait perdre beaucoup d’intérêt à votre émission. En effet au moins deux intervenants sur quatre sont pro-nucléaire et l’invité écologiste choisi se retrouve bien seul, sachant que Monsieur Tocser reste neutre. Pourquoi ne pas avoir invité Monsieur Marignac de l’association Negawatt et montré un scénario de production électrique ne donnant pas la priorité au nucléaire ?
Car l’idée de développer davantage le nucléaire n’est pas réaliste pour plusieurs raisons.
- Financièrement, le coût de réalisation des nouveaux réacteurs implique un prix du Mwh produit supérieur au 42 € obtenu avec les anciens réacteurs amortis. Or, parallèlement, le prix du MWh produit par les Energies Renouvelables est dèjà bien plus bas.
- En termes de délai, la réalisation des nouveaux réacteurs demandera au bas mot au moins 15 ans ; si la consommation électrique augmente rapidement durant ce délai, l’option nucléaire ne pourra répondre au besoin.
- En termes de décarbonation, la réalisation des nouveaux réacteurs commence par accroître considérablement la production de Gaz à effet de serre du fait des bétons, fers, aciers spéciaux, métaux rares utilisés. Au bout de combien d’années de production électrique obtient-on une sorte de retour sur investissement en GES ?
- En termes d’indépendance énergétique, le minerai d’uranium nécessaire est extrait au Kazakhstan, au Niger, en Russie, en Australie … Nombre de ces pays sont peu sûrs et peuvent très bien faire le coup de l’OPEP en 1972 : augmenter considérablement leurs prix !
- En termes de disponibilité de la ressource ; selon les estimations et en fonction de la consommation actuelle, il reste environ 50 ans d’extraction facile et possible. Si notre pays comme d’autres mise sur le nucléaire, cette ressource risque fort d’être épuisée d’ici 25 ans, mettant en péril la rentabilité de l’investissement nucléaire dont le retour sur investissement est d’environ 30 ans !
- En termes de déchets, on ne sait toujours pas quoi faire des radionucléides et leur enfouissement à vie est tout aussi inquiétant que leur stockage en piscine d’autant plus que cela mobilise du personnel et des forces de sécurité.
- En termes de besoins, il s’avère que le plus gros de l’électricité est consommé sous forme de chaleur soit par effet joule soit par l’utilisation de Pompes à Chaleur dont la technologie pointue a des conséquences non négligeables sur l’environnement.
Puisqu’une grande partie de la consommation est thermique, ne serait-il pas judicieux de développer les capteurs solaires thermiques d’une part et la géothermie moyenne ou profonde d’autre part ?
Ne pourrait-on pas récupérer une bonne part de la chaleur émise par les réacteurs existants et la diffuser par réseau de chaleur ? Et ainsi augmenter le rendement déplorable de ces réacteurs (seulement 30 % de la chaleur produite est transformée en énergie électrique).
- En termes de stockage/restitution les barrages hydrauliques sont intéressants mais insuffisants. Certes, mais ce n’est pas la seule possibilité de stockage indirect de l’énergie électrique. Il reste d’énormes possibilités d’évolution des batteries électriques, des stations de pompage/turbinage, et autres à inventer par des ingénieurs motivés par la question.
Notons que la géothermie profonde est pilotable et qu’elle autorise un stockage/restitution de chaleur compatible avec la captation de chaleur solaire.
J’eusse aimé que ces arguments soient exposés, pesés, débattus car la réussite d’une politique énergétique est essentielle pour la vie de nous tous et nos descendants. Toute erreur de choix peut être gravissime. Dans un pays dit démocratique, la décision devrait revenir au peuple souverain après information complète et impartiale.
Etant favorable à un réel débat ouvert, je vous prie de transmettre mon message à tous les intervenants.
Très cordialement.
(*) Il semble que l’écart entre ces chiffres provient du fait qu’il faut faire tourner plusieurs réacteurs nucléaires rien que pour enrichir l’uranium. Evidemment, cette utilisation là n’est pas de la consommation des entreprises et des citoyens.
Edité le:06/04/2025