Durée travail incluant le trajet. Organisation du temps

18 Durée du travail, déplacements domicile travail, travail dominical.
Depuis des années, la législation tend à réduire la durée du travail. Nous en sommes aujourd'hui à la semaine des 35 heures, du moins officiellement. En réalité, rares sont ceux qui bénéficient réellement de cette durée du travail.

Remarquons également qu'une durée du travail de 35 heures peut signifier une durée bien plus longue et une lourde contrainte de déplacement domicile travail. Les gens qui ont la chance de travailler à moins d'un quart d'heure, à pied, de leur domicile, sont rares. Dommage car ces gens là ont, indéniablement, une qualité de vie bien supérieures à leurs collègues.

Récemment, la notion de repos hebdomadaire et dominical a été remise en question ; les députés ont accepté de voter une loi permettant à toute entreprise d'organiser le travail du dimanche et certains jours fériés, ceci dans le but de répondre à une clientèle du dimanche (touristes, riches visiteurs, etc …).

Compte tenu des impératifs de réduction des pollutions et des gaz à effet de serre générés par les activités humaines, il y a lieu de repenser globalement l'organisation du temps de travail.

D'abord, il me semble nécessaire de prendre en compte la durée du trajet domicile travail dans la durée de travail effectif. En effet, cette disposition est de nature à inciter l'employeur à faire une embauche la plus locale possible. De cette façon, on diminue le volume des trajets domicile travail qu'ils soient individuels ou collectifs. On réduit ainsi nombre de pollutions générées par les transports de personnes ; on s'évite également le développement de nouvelles infrastructures coûteuses, énergivores, polluantes donc, qui n'ont d'autre but que d'offrir des moyens de transports plus rapides aux usagers.

Grâce aux transports rapides entre métropoles, beaucoup d'entreprises ont tendance à s'implanter prioritairement en région parisienne ou dans de grosses métropoles parce que celles-ci sont des nœuds de communication importants. Ainsi, le cadre parisien peut-il monter dans un TGV ou un avion vers 7 heures du matin et être chez son client vers 9 heures. Pour se faire, ce cadre aura du quitter son domicile vers 6 heures et ne pourra rentrer chez lui que le soir vers 21 heures. Au total sa journée déplacement plus travail aura duré 15 heures soit environ le double de la durée légale du travail. L'entreprise est donc assez lourdement pénalisée par l'envoi d'un cadre à l'autre bout du pays si on tient compte du temps de transport. Du coup, on peut espérer que cette entreprise créera des agences locales dans chaque grande métropole du pays ou auprès du lieu de travail effectif de ses employés afin d'éviter le paiement d'heures de trajet domicile travail.

La réduction du trajet domicile travail peut sembler incompatible avec les grandes métropoles actuelles. A priori, pour réduire ce trajet, les entreprises ont intérêt à s'implanter au centre de l'agglomération ou du moins près d'un nœud de communication important. Même chose pour les employés d'autant plus que cela augmente leurs possibilités d'emploi. Mais tout le monde, entreprises ou employés ne peuvent habiter au plus près du centre ou d'un nœud de communication important. Bien au contraire, on constate l'existence de zones d'emploi et de zones d'habitat fort éloignées les unes des autres. Du coup, on peut en déduire que l'urbanisation actuelle des métropoles n'est pas adaptée au principe de l'intégration du temps de trajet domicile travail avec le temps de travail effectif.

Faut il pour autant abandonner ce principe ?
Non, car celui-ci est essentiel pour réduire notre empreinte environnementale ce qui est vital pour l'humanité toute entière. Nous pouvons en conclure que les métropoles actuelles sont inadaptées au principe du temps de travail incluant le trajet. Et même pire, que ces métropoles sont néfastes à la survie de l'humanité. C'est leur grande concentration et leur étendue bâtie qui les rendent néfastes.

Il est probable qu'il existe une taille d'agglomération à ne pas dépasser pour éviter ces graves inconvénients. Cela signifie donc qu'il faut revenir à un habitat plus dispersé, constitué de villes moyennes plus nombreuses et plus développées économiquement ainsi que sur des villages bien vivants et assez riches d'activités. Le principe du temps de travail global (trajet+travail effectif) devrait être un excellent levier pour cela.

Remarquons également que le principe implique plus de mixité fonctionnelle. En effet, le principe concourt à rapprocher lieu de travail et domicile. Or parmi ces lieux de travail il y a les commerces, les écoles, les centres de loisir, … Donc, le principe de temps de travail global augmente à coup sûr la mixité fonctionnelle.

Notons par ailleurs que nombre de cadres travaillent déjà dans les transports en commun (appels téléphoniques pour affaire, portables allumés, copies d'élèves corrigées dans le train, …).

Mise en œuvre du principe
La durée moyenne du trajet domicile travail (aller et retour) en région parisienne est d'environ 2 heures en moyenne (à vérifier et affiner). Elle est du même ordre pour les grandes métropoles comme Lille, Lyon ou Marseille. Cette durée est beaucoup plus faible pour quelques privilégiés. Tant mieux pour eux. Si on cherche à réduire la durée de trajet moyenne à 1 heure pour tous et que l'on suppose que les employés effectuent 5 trajets aller retour par semaine, la durée de travail global pourrait être fixée à 35 + 5 = 40 heures.

Le cadre qui effectue des déplacements en province obtiendrait son quota d'heures en 3 déplacements quotidiens (15 * 3 = 45 heures). L'employeur pourrait être tenu, en toute logique, à payer les 5 heures supplémentaires à son cadre.

Néanmoins si ce cadre reste en province durant 5 jours, le calcul sera 3 heures pour l'aller (6 à 9 heures) + 7 heures de travail effectif le premier jour. A supposer que son hôtel soit situé à ½ heure aller retour de son client, pour les 3 jours suivants il travaille au total 7,5 * 3 = 22,5 heures. Enfin le dernier jour il travaille 10 heures compte tenu du retour chez lui. Soit un total de 42,5 heures. L'employeur pourrait être tenu, en toute logique, à payer 2,5 heures supplémentaires à son cadre.

Déploiement du principe
On fixerait donc la durée moyenne du travail global à 40 heures payées comme les 35 heures effectives avant mise en place du principe. Par exemple un employé serait toujours payé mensuellement 2000 euros net. Mais le coût horaire correspondant passerait de 57,14 (2000/35) euros à 50 (2000/40) euros.

Si l'employé habite au plus près de son emploi, sa durée de travail global peut être égale à son travail effectif soit 35 heures. En application du principe et avec prise en compte de la limitation à 40 heures de travail global, cet employé sera toujours payé 2000 euros mais son employeur pourrait exiger qu'il effectue 40 heures de travail effectif, ce qui est irréaliste et inciterait l'employé à s'éloigner de son lieu de travail. On peut néanmoins demander à l'employé de fournir de 1 à 5 heures supplémentaires par semaine, payées 50 euros.

Si l'employé habite très loin de son lieu de travail et qu'il effectue 3 heures de trajet chaque jour, sa durée de travail global sera de 3*5 + 35 = 50 heures. En application du principe et avec prise en compte de la limitation à 40 heures de travail global, cet employé sera toujours payé 2000 euros mais n'effectuera plus que 25 heures de travail effectif. Si l'employeur maintient les 35 heures de travail effectif, il devrait augmenter le salaire de l'employé de 10 heures à 50 euros chaque semaine, soit 4,4 * 5* 50 = 1100 euros supplémentaires par mois ! L'employeur a tout intérêt à faire en sorte que ses employés se rapprochent de leur lieu de travail.

Dans les 2 cas envisagés ci-dessus, il faut mettre en place une transition pour que le changement ne soit pas brutal, ni pour l'employé, ni pour l'entreprise.

Contrôle de la véracité des heures de travail global.Plusieurs possibilités : les titres de transport de toute nature contiennent le plus souvent les heures de départ et d'arrivée. L'employeur peut connaître la durée de travail effective de l'employé par pointage strict ou simple contrôle d'un responsable. L'employeur connaît l'adresse du domicile de ses employés. Il peut donc en déduire, en fonction des infrastructures de transport existantes, la durée vraisemblable du trajet. De ces diverses informations, il peut donc connaître avec une bonne précision, la durée de travail global.

Répartition du temps de travail sur la journée, la semaine, le mois l'année

La détermination d'une règle qui s'appliquerait à tous est, semble t il, chose impossible. Il y a les horaires des enseignants qui sont contraints par les horaires scolaires, il y a les travaux continus avec 3 ou 4 postes par jour, il y a les horaires des magasins indirectement contraints par les horaires libres des autres travailleurs, etc …

Organisation dans la journée
Notre société est très rigide sur l'organisation horaire d'une journée ; la plupart des gens commencent leur travail à 9 heures et le terminent à 18 heures. Il en résulte quelques problèmes dit de pointe ; pointe de circulation et de bouchons, pointe de consommation électrique …Aussi bien le STIF d'Ile de France que ERDF ne parviennent pas à lisser ces pointes malgré des tarifs dissuasifs. Il y a pourtant plus simple : faire en sorte d'étaler davantage les horaires de travail dans la journée. Que certains commencent dès 7 heures du matin et terminent vers 16 heures, d'autres vers 8h jusque 17h, d'autres vers 9h jusque 18h, d'autres depuis 10h jusque 19h. C'est possible et ça n'interdit pas la communication entre ces tranches horaires : par exemple, le créneau 10h à 16h est commun à toutes les tranches. D'autre part pour les entreprises de taille suffisante, pour un même service on peut avoir des gens qui débutent à 7h, 8h, 9h ou 10h sans grave inconvénient.Organisation dans la semaineRemarquons que la mise en place d'un roulement systématique sur une à n semaines avec 1 à 2 jours de repos par semaine peut régler beaucoup de problèmes. En effet si ces 1 ou 2 jours sont glissants dans la semaine, cela signifie que ce ou ces jours là, toutes les activités quelles soient commerciales, administratives, culturelles sont effectives et qu'il n'est donc plus besoin d'attendre vendredi soir ou samedi pour faire ses courses, qu'il n'est plus besoin de prendre un jour de congé pour faire des démarches administratives, etc …

Notons également que grâce à la généralisation d'internet, nombre d'achats et de démarches administratives peuvent se faire en ligne, c'est à dire à tout moment du jour, de la nuit, de la semaine.

Néanmoins le jour glissant de repos permet la rencontre avec les autres, les voisins, amis, parents pour quelque raison que ce soit ; cette rencontre entre les êtres est essentielle tant pour la santé de chacun que pour la cohésion sociale des groupes de personnes de tous niveaux. Enfin, le jour glissant, de repos en principe, peut être utilisé exceptionnellement pour effectuer des heures supplémentaires sachant que toute activité ne peut être lissée dans le temps. Son existence prévue, organisée, instituée facilite grandement son utilisation à toutes fins.

Le jour de repos glissant ça marche comment ?
Supposons que les employés travaillent globalement 40 heures par semaine. Supposons qu'on se donne 1 jour glissant par semaine et qu'on se donne un repos dominical fixe. L'employé effectuera alors 5 jours de travail global soit 8 heures de travail global par jour. Mais ces 5 jours de travail glisseront chaque semaine tout comme le jour de repos glissant, comme indiqué ci-dessous :
En semaine 1, l'employé A travaillera Lundi, Mardi, mErcredi, Jeudi et Vendredi. Samedi sera son jour de repos pour la semaine 1.
En semaine 2, l'employé A travaillera M,E,J,V,S. Lundi étant son jour de repos.
En semaine 3, l'employé A travaillera E,J,V,S, L. Mardi étant son jour de repos.
En semaine 4, l'employé A travaillera J,V,S,L,M. Mercredi étant son jour de repos.
En semaine 5, l'employé A travaillera V,S,L,M,E. Jeudi étant son jour de repos.
En semaine 6, l'employé A travaillera S,L,M,E,J. Vendredi étant son jour de repos.
La semaine 7 est identique à la semaine 1 ; il y a donc ici, roulement sur 6 semaines.

En semaine 1, l'employé B travaillera M,E,J,V,S. Lundi étant son jour de repos.
En semaine 2, l'employé B travaillera E,J,V,S, L. Mardi étant son jour de repos.
En semaine 3, l'employé B travaillera J,V,S,L,M. Mercredi étant son jour de repos.
En semaine 4, l'employé B travaillera V,S,L,M,E. Jeudi étant son jour de repos.
En semaine 5, l'employé B travaillera S,L,M,E,J. Vendredi étant son jour de repos.
En semaine 6, l'employé B travaillera L,M,E,J,V. Samedi étant son jour de repos.

Et de même pour tous les employés disponibles en veillant à ce qu'aucun service ne soit arrêté du Lundi au Samedi inclus.

Donc tout jour de la semaine, du Lundi au Samedi, toutes les entreprises sont ouvertes dans la mesure ou ces entreprises ont assez de personnel pour faire en sorte de fonctionner normalement tous leurs services ou du moins ceux au contact des clients.

Pour les très petites entreprises, soit on applique le même glissement pour tous les employés voire même en figeant ce glissement dans l'une des solutions 1 à 6. Cela n'empêchera pas les employés correspondant de trouver une administration ouverte puisque celle-ci est assez nombreuse pour pratiquer le roulement. Pour le commerce, c'est moins évident, surtout pour les petits commerces. Néanmoins, en ville le nombre de petits commerces du même genre est sans doute suffisant pour éviter la porte de bois. Dans les villages, le jour de fermeture est à priori bien connu du peu d'usagers du commerce local ou de l'administration locale donc peu gênant.

Notons également, que dans les entreprises assez nombreuses, des employés peuvent échanger leur jour de repos avec d'autres employés, si nécessaire.

Remarquer également que le roulement fait apparaître, pour chaque employé, un long weekend de 3 jours, systématiquement toutes les 6 semaines mais que tous les employés n'y ont pas droit en même temps. Du coup, la technique du roulement ou du glissement, pourrait permettre de supprimer quelques ponts calqués sur des fêtes religieuses ou nationales.

Par ailleurs, le glissement signifie qu'il n'y a plus de jour chargé de la semaine comme les Mardi et Jeudi mais un réel étalement, un lissage sur les 6 jours travaillés de la semaine. Du coup les transports de personnes individuels ou collectifs seront plus fluides. En effet d'abord il y a 6 jours travaillés sur 7 en moyenne au lieu de 5 sur 7, ensuite il y a 1/6 ème de gens qui vont au travail en moins chacun de ces 6 jours.

Pour les gens travaillant en horaires postés (3x8, 4x6, autres combinaisons) rien ne change, ce qui pose peu de problème car ces gens ne sont pas très nombreux. De plus leurs horaires postés leur permettent l'accès à tous services dans des horaires normaux.

Pour les enseignants et les élèves le roulement peut poser quelques problèmes ; d'abord pour la garde des enfants : en effet le jour ou demi jours de repos des élèves ne correspondent que rarement au jour de repos des employés. C'est déjà le cas actuellement sachant que tous les employés ne peuvent pas être en repos le mercredi.

Question 1 : Peut on instaurer le roulement pour les élèves ? A priori, oui, dans la mesure ou étaler les cours sur 6 jours au lieu de 5, permet de réduire le nombre d'heures d'étude par jour et sans doute d'améliorer la possibilité d'assimilation des élèves. Mais cela signifie que les élèves ont des journées bien plus courtes que celle de leurs parents ; d'où problème de garde matin et soir ! Néanmoins, la réduction voulue du temps de trajet domicile travail peut solutionner en partie ce problème. Et puis faire travailler les crèches ou équivalents, des nurses privées, des grands parents disponibles est une solution qui existe déjà et qui marche.

Reste que les enfants pourraient être perturbés par le fait que le début de semaine n'est pas forcément un Lundi, ni que la fin n'est pas forcément un Samedi ! Pas sûr que ça perturbe vraiment les enfants, mais sûr qu'il y aura des réactions des parents ! Sauf si, ceux-ci constatent et apprécient les avantages du roulement généralisé.

Pour conclure, Oui, il semble utile et possible d'instaurer ce roulement pour tous y compris les élèves et ainsi de généraliser le système et donc de supprimer les effets de bords avec d'autres répartitions du temps.

Remarque 1 : Si la mixité fonctionnelle est bien obtenue, ce qui est le but de cette organisation du temps de travail, les problèmes de garde d'enfants seront beaucoup moins sensibles de part la présence locale des parents et des proches.

Remarque 2 : Le roulement imaginé ci-dessus est de 6 jours sur 7 avec une journée de repos fixe, le dimanche, lequel n'est pas de tout repos pour tous !

Remarque 3 : On peut imaginer d'autres types de roulement comme un 5 jours travaillés sur 7 mais avec 2 jours de repos glissants par semaine. Dans cette hypothèse chacun est amené à travailler un dimanche sur cinq, soit un peu moins d'une fois par mois mais avec 2 jours de repos (glissants) chaque semaine

On peut penser à un 4 jours travaillés sur 7 avec 3 jours de repos glissants, etc … Dans cette hypothèse chacun est amené à travailler un dimanche sur quatre soit environ une fois par mois mais avec 3 jours de repos glissants par semaine. Mais attention, les journées de travail sont assez longues !

Cette courte étude sur le temps de travail a t elle des chances d'aboutir à une bonne réalisation ?

Pas sûr, compte tenu de la mentalité de tous, élites et intelligenzia compris. Espérons qu'il y ait des gens qui y croient !

Edité le:05/03/2019